En mai 1981, je n’avais pas encore 11 ans. Je me souviens du visage de François Mitterrand qui s'est dessiné lentement sur notre poste de télévision dans la salle à manger de l'école à Créon. Je me souviens des larmes de mes grands-parents, de mes arrières grands-parents qui au téléphone n'y croyaient pas encore. Que me reste-t-il de ces souvenirs ? Certes il y a eu des déceptions, je serais bien menteuse si je ne les gardais pas aussi en mémoire. Mais je ne peux m'empêcher de rappeler que 1981 et Mitterrand c'est la suppression de la peine de mort, la semaine des 39 heures, la 5ème semaine de congés payés, la libéralisation des ondes, le recrutement de fonctionnaires, la décentralisation, les nationalisations de groupes bancaires et industriels, l'impôt sur la fortune, la retraite à soixante ans, puis plus tard l'Europe, le RMI.
Et aujourd'hui ? Qu'est ce que je peux retenir d'un autre jour de mai ? Lorsque je pense au 6 mai 2007, est ce que je peux trouver des réformes qui me parlent, qui évoquent en moi les trois piliers de la République, Liberté, Egalité, Fraternité. J'ai du mal à trouver ! Je ne suis pas très fière de ce que deviens ma France.
Il avait dit : "Je serai le président de tous les Français." Au soir de sa victoire, Nicolas Sarkozy la main sur le coeur quitte ses habits de candidat pour endosser celui de président de la République: "Le peuple français a choisi le changement. Ce changement je le mettrai en œuvre parce que c’est le mandat que j’ai reçu du peuple et parce que la France en a besoin. Mais je le ferai avec tous les Français. Je le ferai dans un esprit d’union et de fraternité." Que reste-t-il de tout cela ?
J'ai retrouvé le numéro spécial du Nouvel Observateur et j'ai repris la liste de ce qui a été fait ou pas.
Il a limité à deux le nombre de mandats du président de la République qui peut s'exprimer devant le Parlement. Il prend la main. Il permet que les nominations aux plus hautes fonctions d'Etat soient soumises au Parlement certes, mais la majorité des deux tiers requise pour rejeter le candidat est quasiment impossible. Il nous a dit que le citoyen pourrait saisir le Conseil constitutionnel certes, mais aucune date n'a été arrêtée pour l'examen de la loi organique nécessaire à l'adoption de cette réforme. Des paroles ... et le citoyen va oublier !
Il avait promis "15 milliards d'allègements fiscaux", il ne s'agit que des 7,7 milliards pour le paquet fiscal mais il n'a pas oublié de mettre en place son bouclier fiscal à 50 % pour les copains !
Il a mis en place l'exonération des heures supplémentaires de cotisations sociales et d'impôts sur le revenu, certes mais est ce que cela fait du mieux pour les Français ? Il a imposé aux entreprises de négocier sur les salaires mais n'a pas imposé l'obligation de résultats. Du vent ! Le revenu de solidarité active remplaçant le RMI sera en place en juillet mais avant même qu'il ne s'applique les problèmes, les couacs se multiplient au détriment des plus fragiles. Mais les Conseils Généraux sont là ... si on ne les fait pas exploser en plein vol avec une réforme des institutions dont les citoyens ne mesurent pas encore l'étendu des dégâts si elle va jusqu'au bout !
Sur l'emploi et les retraites, il fait avec la fusion ANPE-Assedic et c'est pas brillant. Ceux qui trinquent ? Les plus démunis. En revanche la chasse aux vilains fonctionnaires est bien là mais les citoyens vont ils enfin se rendre compte que par fonctionnaires il faut entendre infirmières, policiers, gendarmes, instituteurs, services publics de proximité ?
Il ne parle plus de son "Objectif plein emploi en cinq ans, avec un taux de chômage inférieur à 5%" ... allez c'est la crise, vous allez pas lui en vouloir quand même le pauvre !
La réforme de l'hôpital détruira notre hôpital public et la franchises de soins non remboursées dans la limite de 50 euros par an est passée. En revanche la couverture de la dépendance pour les personnes âgées et handicapées a disparu des ordres du jour.
Je pourrais aussi vous parler de l'école et de la jeunesse, de la justice, du logement, de l'environnement mais les réformes sont un tel fiasco ! Personne n'en veut mais il trépigne et trouve des parades. Et en attendant il sert ... les copains : les "parachutes dorés" n'ont pas été interdits avant fin 2007 comme promis, mais leur taxation a été renforcée mais pas beaucoup.
Et je ne reviens pas sur la politique menée contre les "sans papiers" qui me fait mal à ma France, la nomination des patrons des médias publics, le limogeage des préfets, les interventions des forces de l'ordre pour les copains de luxe, la mise à bas de la laïcité. Des deux premières années de Sarkozy, que restera-t-il sur la table de chevet de ses “réussites” ?
Moi je sais, il ne restera que des photos retouchées sur papier glacé des magazines du bling-bling. Mais que voulez vous ces magazines ne connaissent pas la crise ... Public (Lagardère Active) connaît une augmentation de 1,4 % en 2008, soit + de 20 % sur deux ans.
Aujourd'hui c'est le 10 mai 2009, je me souviens d'un autre 10 mai il y a 28 ans. Je suis de la "génération Mitterrand" et je ne suis pas sûre que la moisson des souvenirs de la “ génération Sarkozy“ soit aussi belle que la mienne. Ne vous trompez pas ... Nous avons la France que nous méritons ! Nous avons un pouvoir celui de voter, le 7 juin même si il fait beau n'allez pas à la plage avant d'avoir choisi l'Europe que vous voulez !